Circuit des Annapurna
- Marion Cuzuel
- 30 nov. 2019
- 16 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 déc. 2019
Faire le circuit des Annapurna est un trek assez incontournable au Népal, mais est aussi un trek dont je rêve de faire depuis plusieurs mois. D’une part pour la beauté du spectacle mais aussi pour le dépassement de soi, physique et mental. Je n’ai jamais fait de trek de plus de 3 jours et pas à plus de 2800m, j’ai donc fait le choix de prendre un guide ce qui me permet de ne pas avoir à réfléchir au trajet (surtout quand on connaît mon sens de l’orientation) et il s’occupe de tout ce qui concerne "Droit d’entrée au parc National" et le Permis trek "TIMS CARD" qui sont obligatoires (j’avais préalablement pris mon assurance en France)

Voilà en amont le parcours que j'ai réalisé sur ces 11 jours. Spoiler alerte j'y suis arrivée !
Sur-ligné en rouge sont les endroits où j'y ai passé la nuit.
Les flèches jaunes correspondent aux trajets effectués en Jeep.
Jour 1 : Mardi 19 novembre
Itinéraire : Katmandou - Besisahar (7h de Bus) / Besisahar - Chamche (3h de Jeep)
Distance : 201 km
Altitude : 1385m

Il est 7:00, départ de l’hôtel de Katmandou pour prendre un mini bus pour Besisahar à 172 km. Petite Marion en immersion, dans ce bus il y a 12 népalais et moi. En moi se mélange stress et excitation, je parle depuis tellement longtemps de ce trek que j’ai hâte d’y être ! Depuis ce matin j’ai la chanson "Comme un homme" du dessin animé Mulan qui passe en boucle dans ma tête, mode « motivation » activé !
Je pourrais comparer le trajet bus à des montagnes russes, car il faut avoir : le coeur accroché pour les virages au bord du vide, les fesses rembourrés pour la route où ils y a « quelques » culs de poules, et avoir la tête solides quand tu rebondis et que tu cogne le plafond du bus. Je découvre les airs de routes népalaise (on est clairement pas sur une autoroute), pas trop de différence à celle de Birmanie donc je ne suis pas trop dépaysée, un même repas pour tout le monde, Dhal bat, beaucoup d’objets non identifiés dans mon assiette mais j’ai bien mangé.
Après 6h30 de trajet arrivée à Besisahar nous décidons de trouver un moyen de locomotion afin de nous avancer et donc moins de trajet voiture demain. Heureusement que j’ai un guide népalais avec moi qui négocie les prix et qui sait comment fonctionne le truc.
On trouve une sorte de 4x4 à 6 places. J’avais parlé des montagnes russes ? Là je pense qu’on est sûr du grand 8 tellement je saute dans tout les sens et me cogne ! Petite roue crevée en chemin, mais l’endroit n’est pas déplaisant pour faire une pause. En même temps quand on regarde l’état des routes je penses que les pneus ne durent pas très longtemps !
Nous arrivons enfin après 3h de « route » à ce qui va être notre première guesthouse à Chamche, situé à 1385m d’altitude. La maison est toute peinte de roses et bleus, c’est très mignon. Ma chambre l’est aussi avec une grande baie vitrée qui donne une jolie vue sur la montagne. Je m’endors sereine en imaginant les aventures qui m’attendent.
Jour 2 : Mercredi 20 novembre.
Itinéraire : Chamche - Dharapani
Distance : 11 km
Altitude : 1385m - 1900m (+600)
Réveil à 6:30, j’en prend déjà plein les yeux en regardant se lever le soleil sur la montagne que j’ai en face de moi. Petit déjeuner à base d’œuf et de chapati et c’est partit pour ma première journée de trekking.
En à peine 15 minutes, la beauté du paysage me frappe de plein fouet, l’eau de la rivière est un mélange de bleus, de verts, de gris, son bruit raisonne dans toute la vallée et accompagne notre marche. Nous croisons de nombreuses cascades, j’adore ça, voir tomber toute cette eau a un côté féerique. Nous devons à plusieurs reprises traverser cette rivière par des ponts, enfin plutôt des fils de métal suspendu entre les deux flancs sur lesquels sont posées des planches, il ne faut pas avoir le vertige!
Nous croisons des vaches, des biquettes, et même un essein d’abeilles endormis.
Je me sens bien, j’ai de l’énergie c’est chouette. Nous marchons principalement en silence, je me retrouve donc avec moi et moi même, je m’encourage, je chantonne, je pense à tout et rien, j’ouvre grand mes yeux afin d’imprimer chaque moments dans ma mémoire. Il fait grand soleil, mais pas trop chaud puisqu’une légère brise se faufile dans mes cheveux. Ça fait du bien.
Nous ne suivons pas tout à fait le parcours initial car prendre une jeep dès le départ aurait coûter cher. Je suis Saidar (mon guide) un peu les yeux fermés car cela fait 7 ans qu’il est guide et il semble tout connaître par coeur. Il ne parle pas très bien anglais, je le fait souvent répéter. Il est même un peu farouche et fait sa petite vie mais me demandes souvent si ça va. Nous nous apprivoisons c’est rigolo. Deux personnes avec une culture et un langage différent partit pour 12j de cohabitation.
Les chemins sont très rocailleux, ça monte , ça descend, ça monte, ça monte ça monte, ça descend, j’essaye d’adopter un rythme régulier en toutes circonstances comme me le conseillerait maman.

Après manger on remonte vers Dharapani à 1900 m d’altitude, où nous logerons pour la nuit. Nous sommes arrivé à 13:30 après 11km de marche. J’ai l’après-midi de repos. J’en profite pour observer des moments de vie de la famille qui est propriétaire de la guesthouse. Je me fait d’ailleurs une copine du nom de Yaya (une nouvelle fois c’est ce que j’ai compris, j’ai encore un peu de mal avec la prononciation Népalaise), elle mesure 50 cm et aime me faire les ongles avec un crayon de papier. Comme quoi les enfants n’ont pas de filtres et trouvent toujours une nouvelle personne avec qui jouer. J’en profite aussi pour apprendre à faire plus ample connaissance avec mon guide, il me montre des photos de sa famille, des treks qu’il a fait. Je lui montre aussi des photos de ma famille c’est convivial !
Jour 3 : Jeudi 21 novembre.
Itinéraire : Dharapani - Lower Pisang
Distance : 35 km
Altitude : 1900m - 3250 (+1350)
Bonjour petit bout du nez froid, à peine 8 degrés dans ma chambre, il faut sortir du duvet ! Je crois que je commence à prendre mes habitudes, lever 6:30 et c’est repartit pour un petit déjeuné à base de chapati et d’œufs aux plats avec mon thé noir.
Ce matin le paysage est déjà complètement différent, nous passons par des sentiers qui traversent les forêts humides, on observe même du verglas au bord des chemins, nous montons beaucoup d’escaliers, il faut s’appuyer et faire confiance à ses cuisses, je n’ai pas compté les marches mais je sais qu’il y en a eu pas mal. Se dessine au fur et à mesure de notre route le mont Annapurna II (7937m d’altitude) son sommet est tout enneigé et rayonne avec le soleil qui l’éclaire.
Nous avançons à une bonne allure. Droite, gauche, droite, gauche, mode automatique. Nous sommes d’ailleurs 3 ce matin car un chien a décidé de nous tenir compagnie sur de nombreux kilomètres. Le joyeux petit trio ! Je me sens bien dans mon corps, mes jambes avances, ma tête flâne toujours et je me perds dans mes pensées. Nous arrivons 16km plus tard vers 11:00 à Chame (2710m) pour manger notre repas du midi ! Devinez quoi : Dhal Bat ! La coutume là bas est de manger le Dhal bat sans couvert, et uniquement avec la main droite car la main gauche est considérée comme « sale ». Comment vous dire que je suis bien contente d’avoir ma cuillère pour manger, mais j’essaye de toujours de m’en servir de la main droite tant qu’à faire.
Il est à peine midi quand nous repartons, nous sommes toujours dans la forêt mais l’environnement perd de sa diversité, il n’y a plus que des fougères et sapins. Nous marchons sur une bonne épaisseur d’épines de pins, l’odeur de ces épines est d’ailleurs bien présente et nous accompagne à chaque pas. Le redémarrage après manger est un peu dur, il faut se remettre dans le rythme. Avancer et regarder droit devant soi. Quand les montés se font un peu plus rudes je me cale sur : inspire pied droit, expire pied gauche, inspire pied droit, expire pied gauche. Je trouve mon rythme, mon cerveau est en mode off et je ne suis que concentrée sur ma respiration et mes pas. Et ça fonctionne, je ne pense pas à la douleur, je sens mon coeur s’accélérer mais j’avance, je monte.
Après 1h30 de marche nous changeons encore complètement de paysage puisque celui devient plus aride, plus sec, plus rocailleux. L’ombre arrive, le soleil tombe rapidement derrières les montagnes qui nous entourent, l’atmosphère change, je me met dans ma bulle et contemple l’immensités des montagnes, avec ce soleil couchant chaque reliefs de chaque flancs des montagnes ressort. Nous marchons principalement sur la « route » (chemin de terre large). Je me sens toute petite au milieu de ces blocs de pierres ! Je lève la tête et encore une énorme cascade, à couper le souffle. Je commence à encaisser la journée, des douleurs aux pieds se réveillent et mon adducteur droit chauffe, je me rend compte que nous partons droit vers Lower Pisang (3250m d’altitude) et je comprend que sur la journée nous aurons parcouru 35 km avec +1200m de dénivelé. Les derniers kilomètres ne sont pas spécialement jolie (par rapport à tout ce que viens de voir aujourd’hui), je marche droit devant moi en pensant au thé bien chaud que je vais boire en arrivant.
Arrive le soir je suis complètement défoncé par la journée et j’observe un peu les dégâts et cette journée je commence à sentir les muscles de mes jambes (ça m’apprendra feignasse à n’avoir pas fait grand chose avant mon départ) et j’ai 6 ampoules, mes pauvres petits pieds !
Jour 4 : Vendredi 22 novembre.
Itinéraire : Lower pisang - Manang
Distance : 15 km
Altitude : 3250m - 3540m (+300m)
Réveil 6:30, chaussettes, chaussures, doudoune, chapatis, omelette, thé ! C’est reparti!
Bon ce matin on sent que la journée d’hier a laissée quelques traces je sens toujours mon adducteur mais je me dis qu’en marchant mon muscle va chauffer et que ça ira mieux, les ampoules pour le moment on les sent mais on fait avec.
Nous repartons de nouveau par des sentiers longés de sapins, le sol est sableux et des monts enneigés nous entourent. Je ressent de plus en plus l’altitude, les montées et les efforts me demandent plus d’énergie, alors je prend mon temps je respire et ça avance. Nous croisons de plus en plus de touristes sur notre route, et nous faisons à peu près les mêmes pauses, une fille à côté de moi pleure, je me rend alors compte que le chemin est encore long mais que nous avons déjà bien marché et que l’altitude va commencer à nous jouer des tours. Il faut rester concentré et ne pas prendre les mauvaises énergies. Lorsque j’avance j’ai de plus en plus en tête ce point culminant que je veux passer : Thorung La à 5414m. C’est mon objectif, je veux l’atteindre, et cette objectif me porte. Nous passons par de nombreux villages et vers 10:00 nous en profitons pour boire un petit thé, il ne faut pas négliger l’hydratation ! Le chemin ne monte pas trop aujourd’hui je déroule pas mal le pas, ça tombe bien car mes pieds et mes jambes ont besoin de ça actuellement. Nous nous rapprochons de plus en plus de ces monts enneigés, c’est incroyable, magnifique, ça coupe le souffle ! Je réalise ce que je suis en train de vivre, en marchant lorsque la brise se fait sentir, je ferme les yeux, j’inspire un grand coup et je profite de cet instant unique.
Nous voyons Manang au loin, encore une bonne heure de marche et nous y serons. Nous faisons un léger détour pour observer l’envolent d’une vingtaine de rapaces c’est impressionnant, je suis d’abord émerveillé de voir ces si grands oiseaux aussi près de moi, et après mon instinct de survie raisonne et je me dit « Vous ne me mangerez pas aujourd’hui ! Ni demain ! » et c’est reparti je remet un pied devant l’autre pour arriver à notre destination.
On y est le GAP des 3500m d’altitude est passé ! Je suis contente d’y être. Je profite d’être à Manang pour m’occuper de mes pieds, et acheter des provisions pour les jours de trek à venir. En fin d’après-midi nous allons faire un tour sur le flanc de montagne qui se trouve derrière l’hôtel afin de monter un peu plus haut, pour mieux dormir et mieux s’acclimater!
Jour 5 : Samedi 23 novembre.
Itinéraire : Manang - Glacier - Manang
Distance : 5 km
Altitude : 3540m (+300m)

Aujourd’hui est une journée de repos et d’acclimatation à l’altitude car nous passerons encore une nuit à Manang. Je commence à perdre le sommeil, mais je ne me formalise pas car j’avais lu que l’altitude pouvais faire ça. Les nuits se font de plus en plus fraîche, -8 degrés au minimum et la journée nous n’atteignons pas plus de 7 degrés. Je m’organise pour mettre dans mon duvet les affaires que je porte le lendemain.
Nous partons ce matin vers 8:30 sur le flanc de montagne qui se trouve en face de l’hôtel cette fois ci où l'on peut y voir le glacier et un petit lac de montagne. Saidar m’explique qu’avec le temps il observe le glacier descendre d’années en années, on y voit ici clairement les dégâts du réchauffement climatique. Je me sens chanceuse de pouvoir encore voir ces belles choses que nous offre la nature. Physiquement l’altitude ne me fais pas encore défaut, je monte doucement mais à un rythme régulier. Nous montons jusque 3900m environs, c’est assez raide mais le chemin de terre est agréable et il change de la caillasses qui me faisaient mal aux pieds jusque là. En haut du sommet je me sens vivante, et je me dis que rien ne peux m’arrêter face à mon objectif. Je suis plus que déterminée à me surpasser. Il commence à faire frais quand le soleil se couche. Il fait -6 degrés, heureusement que dans la salle de réception il y a un feu de bois et que j’ai 2 couvertures en plus de mon duvet dans ma chambre.
Jour 6 : Dimanche 24 novembre.
Itinéraire : Manang - Letdar
Distance : 10 km
Altitude : 3540m - 4200m (+700m et +200 pour le plaisir)
Nous partons de Manang vers 8:00, il est toujours un peu dur pour moi de me remettre en route, je suis un peu rouiller le matin, mais après un petit quart d’heure les jambes avances, mon rythme cardiaque et respiratoire s’adaptent. Il y a beaucoup de touristes comme moi sur cette route. Le chemin est agréable nous marchons en balcon des montagnes, ça monte progressivement et l’effort n’est donc pas trop intensif ce qui me permet d’être en mode « gros kiff », la vue est époustouflante ! Je passe la barrière des 4000m d’altitude !

Waho, j’y suis, je suis super fière de moi même. Et personne ne pourra me l’enlever. Nous continuons d’avancer sur ce jolie sentier. Je me sens profondément libre ! Libre dans ce monde, sans contraintes, juste dans l’appréciation du temps présent. C’est très agréable comme sensation, je n’ai pas envie qu’elle me quitte. Nous arrivons assez vite à notre destination, Letdar à 4200m d’altitude. Encore une fois ma chambre est toute mignonne et donne vue sur la montagne.
L’après-midi nous décidons de monter un peu dans les hauteurs du villages pour l’acclimatation mais aussi pour le plaisir, nous nous posons dans l’herbe au soleil (toujours la doudoune sur le dos il ne faut pas rêver non plus!) et la chance nous sourie car nous assistons à un spectacles de bouquetins qui sautes sur de rochers en rochers, puis 10 minutes plus tard des aigles survolent la montagne en face de nous. Voilà comment bien finir la journée !
Jour 7 : Lundi 25 novembre
Itinéraire : Letdar - High Camp
Distance : 7 km
Altitude : 4200m-4850m (+650m)
Version original non censuré:
« J’en ai chier sa mère! Je ne peux rien décrire, jpp je suis au bout. Sa race je suis à hauteur du mont Blanc my god »
Départ de Letdar vers les 8h, le petit déjeuner à changé, je suis passé à la soupe d’ail (que j’ai aussi pris au dîner) , l’ail serait bon pour l’altitude et la soupe me permet de maintenir une bonne hydratation. Aujourd’hui nous n’avons pas beaucoup de kilomètres à parcourir mais encore pas mal de dénivelés et nous sommes à plus de 4000m et les efforts ne demandent pas la même énergie. Physiquement les jambes tiennent le coup je suis contente car après 6j de trek je ne savais pas comment je serais. Les chemins sont agréables, pas trop sableux comme les jours précédents et pas trop de cailloux non plus. Nous marchons quelques kilomètres lorsque nous tombons sur un groupe d’une vingtaine de bouquetins! Je n’en ai jamais vu d’aussi près c’est super mignon. Dans ce trek je crois que ce que j’apprécie autant que la beauté des paysages ce sont ces petites surprises auxquelles on ne s’attend pas. Nous arrivons assez facilement à Thorang Phedi 5 kilomètres plus tard. Mon guide me propose de faire une bonne pause au soleil, j’ai compris pourquoi ce « good reast » : il faut monter au High Camp, 2 petits kilomètres avec 400m de dénivelé positif. Se référer à la version original pour se comprendre que ce fut très compliqué ! Je ne peux même plus décrire ce que je vivais à cet instant. J’essaye de monter petit pas par petit pas, mais le souffle n’est pas là, le moindre effort me demande une énergie énorme. Je suis obligée de faire une pause toute les 5 minutes afin de réguler mon rythme cardiaque et reprendre mon souffle. Il m’aura fallu 1h pour monter ces 2 kilomètres, 1 heure de souffrances où seul le mental m’a porté. Je n’avais jamais vécu un moment physique comme cela, impressionnant ! Mais j’y suis montée et je ne suis pas peu fière.

Arrivée là haut pour midi j’ai toute l’après midi devant moi. Et comme il n’y a qu’une seule guesthouse on se retrouve entre trekkeur. L’ambiance y est super chaleureuse et conviviale, nous prenons soins des autres et passons un jolie moment autour de grandes tables à jouer au carte, parler de nos ressentis et chacun se donne du courage pour la journée du lendemain que tout le monde attend.
Il fait très froid, je dirais -20 au plus froid dans la nuit. Je dors dans mon duvet et 2 couvertures. Dans mon duvet pour le lendemain on retrouve mon téléphone, ma gopro, mon t-shirt, ma veste, ma doudoune, mes chaussettes et ma gourde. On dit qu’il est difficile de dormir en altitude, je confirme, je pense que j’ai du dormir par tranche de 10 minutes toutes les 2 heures. Mais je ne me sens pas fatiguée, l’adrénaline de la journée du lendemain qui m’attend est là. Par contre je commence à souffrir d’un mal de tête constant, comme si ma boîte crânienne était compressée, j’essaye de me dire « ok c’est normal, c’est l’altitude » mais hier soir nous avons assisté à un malaise lié à l’altitude chez une américaine c’était assez impressionnant. Il ne faut donc pas stresser et accepter cette souffrance liée à l’altitude et se dire que demain je redescend à 3800 et que ça ira mieux!
Jour 8 : Mardi 26 novembre.
Itinéraire : High Camp - Thorung Pass - Muktinath
Distance : 14 km
Altitude : 4850m - 5416 m - 3800m (+600m / - 1600m)
Réveil au aurore ce matin, 4:30. Mais vu que je n’ai dormi j’attend avec impatience le réveil et le départ. L’ambiance dans la guesthouse est spéciale, chacun se met dans sa bulle, mais lorsque l’on croise un regard des sourires s’échangent «bonne chance! »
Petit déjeuner à base de thé et de soupe de nouille à l’ail. J’ai du mal à manger mais il le faut.
Frontale sur le front, gant aux mains, chaussures aux pieds, nous partons vers les 5:30. Il fait encore nuit, les étoiles brillent dans le ciel. Et une quinzaine de frontales parsèment le flanc de montagne. Je ressens une vive émotions, l’atmosphère est spéciale, ces petits lumières qui montent chacune après les autres, ce ne sont pas seulement des lumières, mais d’autres personnes comme moi, d’origines différentes, de cultures différentes, mais toutes avec le même objectif. Être la haut.

Je ne peux dire ce que je pensais en montant, je montais, concentré sur mon corps, ma respiration, mes pas. Ça avance et même pas trop mal. Nous avons monté la bonne moitié quand le soleil commence à se lever dans les montagnes derrière nous, c’est magnifique. Je prend un thé pour me réchauffer et me donner de l’énergie. Nous repartons. J’ai l’impression d’être dans un film, de marcher sur la lune, les pas sont lourds et lents, la respiration est difficile et l’environnement est sec et rocailleux. Il n’y a pas un bruit.
Le vent souffle fort, il est glaciale, transperçant ! Ma peau brûle sous mon pantalon, je remue mes orteils car je les sent s’engourdir. Mais le pire, sont mes mains, j’ai l’impression de perdre mes doigts. Je mets mes mains dans mes poches, essayent de les bouger, je ressens alors une douleurs vivent, j’ai tellement mal, mais il faut continuer de les bouger. J’avance, mais ce froid est engourdissant et difficile à surmonter. Le terrain est de plus en plus plat, je sais au fond de moi que le bout n’est pas loin. Je m’accroche à ça !

Et là, au loin, je vois des drapeaux de toutes les couleurs flotter dans le ciel. Je sais que j’y suis, les larmes montent, l’émotion est forte! Je les retiens, il faut encore avancer. Et ça j’avance, je suis comme portée par une énergie qui me dépasse, lorsque j’arrive à hauteur de ces drapeaux je ne peux plus retenir ces larmes, des larmes de joies, de bonheur, nous sommes une dizaine en haut, tous le sourire aux lèvres ! J’y suis arrivée ! Je l’ai fait ! Incroyable ! Je suis fière de ce que je viens de réaliser ! Wahouuuuuuu !
Nous restons moins de 15 minutes là haut. Il fait toujours froid.

Sur le début de la redescente je vole, je ne peux enlever ce sourire.
La descente fut quand même longue, 2h et -1600m à faire mais ca n'est pas grave, j'y suis arrivée !
Jour 9 : Mercredi 27 novembre
Itinéraire : Muktinath - Tatopani
Distance : 62 km (6h de bus)
Altitude : 3800m - 1200m (-2600 m)
J’arrive à la fin de ce merveilleux trek et pour le finir je prends la direction de Tatopani en bus, petite ville pleine de charme. Je change complètement de climat, de froid sec je passe à un climat tropical. C’est très agréable de pouvoir enfin se mettre en t-shirt. Et même en maillot de bain car en fin d’après-midi je me rend aux bains chauds publics de la ville. C’est assez étonnant d’être au milieu de ces montagne et prend un bain commun entre trekkeur et népalais. Il s'agit d'une source d'eau chaude naturelle, il en existe plusieurs au Népal mais celle de Tatopanie est très réputée et des Népalais y font le déplacement pour y soigner tout sorte de rhumatismes. Une bonne journée de repos après hier et avant demain.
(Je vous épargne le trajet de bus qui fut encore une fois une aventure pour mon saccrum)
Jour 10 : Jeudi 28 novembre
Itinéraire : Tatopani - Ghorepani
Distance : 25km
Altitude : 1200m - 2870 (+ 1700m)
Aujourd’hui est une bonne journée de marche, nous avons un peu plus de 25 kilomètres à faire et environs 1700m de dénivelés positifs. On les sens dès le départ, des marches, des marches, et encore des marches. Je commence à sentir la fatigue dans mes jambes des jours précédents, les mollets tirent et les cuisses chauffent. Mais je suis enthousiaste face au paysage qui m’entoure, complètement différent. Un climat tropical avec une riche végétation, des rizières à pertes de vue, et de la vie. Car nous passons par de nombreux villages où raisonne les rirent des enfants qui tentent de nous vendre leurs Oranges sur le chemin de l’école. Je suis ravis de voir cette partie du circuit, car beaucoup s’arrêtent à Jomson.
Je dois bien avouer qu’au bout de 4 heures de monté je n’en peux déjà plus, et il me reste environ 2 heures d’escaliers. Je fini clairement au mental !
Jour 11 : Vendredi 29 novembre
Itineraire : Ghorepagni - Poon hill - Pokhara
Distance : 10 km de marche environ
Altitude : 2870 - 3210 (+340m) / 840m
Ce matin nous nous levons quand il fait encore nuit car nous volons assister au lever de soleil sur le sommet de Poon Hill à 3210m. 30 minutes d’escaliers à un bon rythme et nous y sommes. Il y a beaucoup de monde là haut mais nous trouvons notre place assise et attendons sagement que le soleil se lève. C’est magnifique, on passe du violet au rouge. Contente d’avoir fait ce petit réveil matinal pour voir ça.
Après nous partons pour 2 heures de marches descendantes pour rejoindre la route pour trouver une jeep afin de rejoindre Pokhara et pour clôturer ce trek. Le chemin me fait penser à une jungle, il est assez humide mais agréable à marcher.
Après 2h de jeep et 1h30 de taxis nous arrivons enfin à Pokhara, je dis au revoir à mon guide, et me pose, enfin, dans une chouette auberge.
Bilan parcouru (approximatif) :
Distance : 138 km
Dénivelé positif : + 6531m
Dénivelé négatif : - 2560m
Mon bilan personnel : Je viens de vivre une sacrée expérience ! Physiquement, où j’ai dû aller plus loins que mes capacités et mes acquis, j’ai dû affronter l’altitude ce qui je pense était mon plus gros combat, et aller dans mes retranchements.
Mais aussi Psychologiquement car marcher durant des heures en silence étaient très ressourçant, car dans ma petite vie parisienne je ne me donne pas l'occasion de me retrouver avec moi mêmes des heures et des heures.
Je me sens reposée, et j'ai dans ma boite à souvenirs pleins de jolies images que je ne suis pas prête d'oubliées.
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